Vivendi est l’un des plus grands groupes de médias et de communication au monde, avec des activités dans la musique, la télévision, le cinéma, l’édition, la publicité et les jeux vidéo. À sa tête, Yannick Bolloré, le fils du milliardaire Vincent Bolloré, qui a su transformer le groupe en quelques années et lui donner une nouvelle dimension internationale. Qui est cet homme d’affaires de 46 ans, qui a été nommé président du conseil de surveillance de Vivendi en 2018 ? Quelle est sa vision stratégique pour le groupe ? Quels sont les défis et les opportunités qui se présentent à lui dans un secteur en pleine mutation ? Voici un portrait de Yannick Bolloré, le PDG de Vivendi qui réinvente le groupe de médias et de communication.
Un parcours atypique dans le monde des médias
Yannick Bolloré n’a pas suivi un parcours classique pour accéder à la tête d’un groupe comme Vivendi. Diplômé de l’Université Paris-Dauphine, il se passionne d’abord pour le cinéma et co-fonde en 2002 la société de production WY Productions, qui produit des films comme Hell ou Yves Saint Laurent. En 2006, il rejoint le groupe familial Bolloré, où il lance et développe la division média, qui comprend notamment les chaînes de télévision D8 et D17. Il vend ensuite ces actifs à Canal+, filiale de Vivendi, dont le groupe Bolloré devient actionnaire.
En 2011, il intègre le groupe Havas, l’un des plus grands groupes de communication au monde, dont il devient le président-directeur général en 2013. Il entreprend alors une profonde restructuration du groupe pour le rendre plus intégré et plus innovant. En 2017, Vivendi prend le contrôle d’Havas et Yannick Bolloré devient président du conseil de surveillance de Vivendi en 2018. Il est également coopté administrateur de Lagardère SA en décembre 2023.
Voici les choses à savoir sur le groupe Bolloré :
Yannick Bolloré a été sélectionné comme Young Global Leader par le World Economic Forum en 2008. Il a reçu de nombreuses distinctions et récompenses de la part d’associations internationales et de la presse économique. Il est aussi chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
Une vision stratégique basée sur la création et la diversification
Yannick Bolloré a une vision stratégique claire pour Vivendi : faire du groupe un leader mondial de la création et de la distribution de contenus originaux et diversifiés. Pour cela, il s’appuie sur les différentes filiales du groupe, qui couvrent tous les domaines de la culture et du divertissement : Universal Music Group (UMG), le numéro un mondial de la musique ; Canal+, le premier groupe audiovisuel français ; Studiocanal, le premier producteur et distributeur européen de films et de séries ; Editis, le deuxième groupe d’édition français ; Gameloft, un leader mondial des jeux vidéo sur mobile ; Prisma Media, le premier groupe de presse magazine français ; ou encore Banijay, le premier producteur mondial de contenus non-scriptés.
Yannick Bolloré mise sur la synergie entre ces différentes entités, qui peuvent se nourrir mutuellement en termes de création, de promotion et de distribution. Il favorise également l’innovation et l’adaptation aux nouveaux usages des consommateurs, notamment grâce au numérique et aux plateformes en ligne. Il cherche aussi à renforcer la présence internationale du groupe, en s’appuyant sur des partenaires locaux ou en réalisant des acquisitions ciblées.
Un fait marquant : la cession partielle d’UMG
L’un des faits marquants du mandat de Yannick Bolloré à la tête de Vivendi a été la cession partielle d’UMG, la pépite du groupe, qui représente plus de la moitié de son chiffre d’affaires. En 2021, Vivendi a vendu 30 % du capital d’UMG au consortium mené par le géant chinois Tencent et au fonds américain Pershing Square, valorisant la maison de disques à 35 milliards d’euros. Puis, en 2022, Vivendi a distribué 60 % d’UMG à ses actionnaires, sous la forme d’une scission, permettant ainsi à UMG de s’introduire en Bourse à Amsterdam.
Cette opération a permis à Vivendi de réduire sa dépendance à UMG et de se doter d’une importante capacité financière pour poursuivre son développement dans les autres métiers du groupe. Elle a aussi permis à UMG de gagner en autonomie et en flexibilité pour saisir les opportunités de croissance dans le secteur de la musique, porté par le streaming et la demande mondiale.
Les défis et les opportunités à venir
Yannick Bolloré doit faire face à plusieurs défis et opportunités dans les prochaines années. Parmi les défis, il y a la concurrence accrue des géants du numérique, comme Netflix, Amazon ou Spotify, qui investissent massivement dans les contenus et disposent d’une large audience mondiale. Il y a aussi la régulation des marchés, qui peut limiter les possibilités de croissance externe ou imposer des contraintes en matière de droits d’auteur ou de protection des données. Il y a enfin les attentes des consommateurs, qui sont de plus en plus exigeants sur la qualité, la diversité et la responsabilité des contenus qu’ils consomment.
Parmi les opportunités, il y a la reprise économique post-pandémie, qui devrait stimuler la demande de divertissement et de culture. Il y a aussi le développement des marchés émergents, notamment en Asie et en Afrique, où Vivendi peut s’appuyer sur ses partenaires locaux pour proposer des contenus adaptés aux goûts et aux besoins des populations. Il y a enfin le potentiel de croissance organique et d’innovation des différentes filiales du groupe, qui disposent d’un savoir-faire reconnu et d’un catalogue riche et varié.
Yannick Bolloré est donc le PDG de Vivendi qui réinvente le groupe de médias et de communication. Il a su donner une nouvelle impulsion au groupe, en le diversifiant, en le rendant plus agile et plus international. Il doit maintenant relever les défis et saisir les opportunités qui se présentent à lui dans un secteur en pleine transformation.