Marc-Arthur Kohn, « il n’y a de richesse que l’art »
Marc-Arthur Kohn : tombé dans l’art tout petit.
En naissant, le 24 mai 1946, dans une famille passionnée d’art et d’objet ancien, Marc-Arthur Kohn a appris très tôt à apprécier la courbure des femmes de Botero et les traits mouvants des tableaux de Soutine. Enfant, il se promenait déjà dans la galerie d’art de sa mère fasciné par les œuvres ludiques de Joan Miro. Contrairement à ses camarades d’école, il ne veut devenir ni pilote d’avion, ni dresseur de lion, seul l’art l’intéresse.
Devenu commissaire-priseur, Marc-Arthur Kohn est aujourd’hui le propriétaire d’une étude située sur l’une des plus belles avenues de Paris, l’avenue Matignon. A l’occasion de cet article, il revient avec nous sur son parcours professionnel.
La muséologie à l’Ecole du Louvre
Après en avoir longtemps rêvé, Marc-Arthur Kohn s’inscrit à l’Ecole du Louvre en 1964 pour y étudier la muséologie.
Cette prestigieuse école forme depuis plus d’un siècle les historiens de l’art, les conservateurs de musée et les professionnels du patrimoine.
Il restera sept ans dans cet établissement où sont passés les conservateurs des plus grands musées français. A partir, de 1968, il se lance dans la rédaction d’une thèse dont le sujet porte sur les peintres lyonnais du XIXè siècle. Pour ce travail, qu’il intitule Essai de catalogue raisonné, Marc-Arthur est entouré de deux éminents professeurs, les conservateurs Michel Laclotte et Maurice Serullaz qui le soutiendrons durant trois ans.
Conquis par l’enthousiasme et la passion de leur disciple pour l’art, les deux hommes le poussent vers une carrière de conservateurs des musées. Bien que ce métier ait largement évoluer au cours du temps, il s’agit, aujourd’hui comme hier, de protéger, d’administrer et d’organiser les œuvres d’un musée. Rigoureux, méthodique et amoureux de l’art, Marc-Arthur Kohn dispose de toutes les qualités pour exercer ce métier, même s’il n’a pas fait l’Ecole des Chartes.
L’heure de la conscription
En 1967, le Service militaire n’est pas abolit et tous les jeunes hommes doivent le passé. Seuls les étudiants peuvent à cette époque demander un sursis afin de pouvoir commencer à étudier. Cependant, en 1967, une décision politique vient bouleverser la carrière étudiante de Marc-Arthur Kohn : désormais, les étudiants en art ne pourrons plus bénéficier de ce sursis.
Fin 1967, Marc-Arthur Kohn rejoint les armes, malgré son désir d’achever sa thèse. Cette expérience débute par une préparation militaire de quelques mois au cours de laquelle il gagne deux fois le record de France du parcours du combattant. A la fin de cette phase, il est convoqué par le Général-Commandant du Fort de Vincennes qui lui demande d’encadrer quelques cours sur l’histoire de l’armement et son évolution à travers les âges. A l’issue de ce travail d’enseignement, le haut gradé lui propose de devenir coopérant pour l’Armée de Terre. Cependant, alors qu’il prépare son voyage vers le Liban, la Guerre des Six Jours. Marc-Arthur n’occupera donc pas la Chaire d’Histoire de l’Art de Beyrouth.
Sans poste, Marc-Arthur Kohn accepte de collaborer avec le Ministère des Affaires étrangères qui l’envoie à Addis-Abeba, en Ethipie. Là-bas, il est chargé de donner des cours de français dans un lycée. Très vite, cependant, il est obligé de rentrer en France après avoir contracté le paludisme. Épuisé par la maladie, il est admis au Val-de-Grâce où il restera neuf mois, suspendu à la décision de l’administration de lui accorder un rattrapage.
Une thèse remarquée
Malgré l’armée et la maladie, Marc-Arthur Kohn parvient à passer ces examens à l’Ecole du Louvre et poursuit son travail de recherche.
Son étude des peintres lyonnais est un sujet qui le passionne véritablement et auquel il se consacrera pleinement. Cependant, alors qu’il arrive à la fin de sa thèse, il se rend compte que tout son n’a aucune valeur. En effet, pour la rédaction de sa thèse, Marc-Arthur Kohn a utilisé des catalogues incomplet.
Déçu de n’avoir découvert cela que très tard, il se présente tout de même devant le jury et leur explique la situation. Contre toute attente, on le félicite et lui accorde la mention “très, très bien”. Si son travail repose sur des bases fausses, sa découverte est importante pour le milieu de l’art et l’authentification des œuvres de maître.
Marc-Arthur Kohn achève finalement son cursus à l’Ecole du Louvre en étant Major de promotion.
Conservateur ou commissaire-priseur
Marc-Arthur Kohn n’a pas fini son travail de recherche qu’une commissaire-priseur lyonnaise lui propose une association. Ce jeune étudiant du Louvre est au début assez réticent car il espère devenir conservateur, mais il prend tout de même le temps de réfléchir.
Quelques mois plus tard, Marc-Arthur Kohn devient clerc de commissaire-priseur avant de passer des concours, puis de racheter une étude à Bourg-en-Bresse. Après 20 ans passé dans cette ville de l’Ain, il achète de racheter une autre étude à Paris que lui proposent la Chancellerie de Paris et la Compagnie de Paris.
Cela fait donc presque 50 ans que Marc-Arthur Kohn exerce le métier de commissaire-priseur. Toujours passionné par ce métier qui continue de le surprendre et de l’enthousiasmer, il n’envisage pas de prendre sa retraite. Selon lui, rien de lui donne plus d’énergie que d’animer une vente aux enchères.
Marc-Arthur serait-il condamné à vivre pour l’art ?